Jean-François
Caissy
réalisateur
J’ai étudié la photographie au Cégep de Matane à une époque où la seule chose que l’on avait de numérique entre les mains était nos lecteurs CD portatifs qui sautaient un pas sur deux. À une époque où la moitié de nos vies se déroulait sur le fameux banc placé au centre du corridor de l’étage photo; l’endroit clé où l’on attendait que nos tirages sortent de la « grosse Bertha » (le processeur couleur qui mangeait parfois nos images). On avait 4 minutes d’attente entre chaque bande test, 4 minutes, donc, pour faire toutes les niaiseries qui nous passaient par la tête, rire, placoter et pour nous faire dire aussi parfois de nous calmer les nerfs un peu… Dans ce même corridor, un soir de décembre, David Champagne, Guillaume Garneau et moi avions eu la brillante idée d’apporter nos matelas de résidence pour dormir directement en face du magasin photo. Le plan était simple : on voulait être les premiers en file le matin suivant pour réserver notre équipement en vue de la longue période des fêtes. Je revois le visage du surveillant, complètement découragé, quand il est tombé sur nous une heure plus tard.
De cette période où je mangeais du spaghetti mélangé avec de la soupe aux tomates Aylmer au moins une fois par jour, je garde le souvenir d’une belle et grande famille constituée autant d’étudiants que de professeurs. Les années ont passé, les projets se sont enchaînés, mais ces belles rencontres constituent toujours aujourd’hui le noyau dur de mon cercle d’amis.