5 minutes 4 secondes Flavie Boucher, enseignante en histoire de l’art, et Geneviève Thibault, enseignante en photographie, ont fait rayonner le Cégep de Matane, en participant à la création d’une ressource en ligne inédite. Le site Internet a pour titre Mise au point sur la photographie québécoise. Il relève du Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD). Le dévoilement officiel du projet a eu lieu en juin 2025.
Un travail collaboratif d’envergure
L’élaboration de cette nouvelle ressource pédagogique originale a eu pour coordonnateur Michel Hardy-Vallée, chargé de projet d’édition au CCDMD. Un groupe de 13 personnes a formé une équipe de rédaction multidisciplinaire et interinstitutionnelle, composée notamment de Flavie Boucher, dès les premières ébauches du projet en 2021, puis de Geneviève Thibault, à partir de 2023.
Le site Internet, facilement accessible, gratuit et au contenu pédagogique inusité, constitue la première histoire générale de la photographie québécoise. Il vise à soutenir l’enseignement de l’histoire de la photographie au Québec, notamment dans les programmes Photographie, Arts visuels et Arts, lettres et communication. Cette nouvelle ressource offrira également du contenu intéressant pour divers travaux de recherche et de création.
La photographie québécoise de ses origines à nos jours
Mise au point sur la photographie québécoise englobe l’histoire de la photographie dans la province depuis les années 1840. Le site propose, en premier lieu, 69 études de cas, sur des photographes de différentes époques et leur apport au monde de la photo. Une image significative de chaque corpus a d’ailleurs fait l’objet d’une sélection, pour une analyse plus approfondie.
Le site Web présente également 10 essais thématiques, sur des sujets comme les femmes et la photographie, l’approche documentaire, les pratiques et usages autochtones ou encore l’histoire de l’enseignement de cette discipline au Québec. Enfin, l’élaboration de 5 outils pédagogiques permet d’approfondir des questions comme la citation dans les arts visuels, le droit d’auteur ainsi que la fiche technique d’identification d’une œuvre.
Des défis importants
Entre les prises de contact avec les ayants droit, pour l’utilisation d’images originales, et le débroussaillage d’archives inédites, pour la rédaction des biographies de personnes photographes moins connues, les défis n’ont pas manqué. Sans compter les relectures et approbations par des photographes toujours en vie. « Nous ne devions pas non plus perdre de vue notre public cible, qui était la population étudiante collégiale », souligne Flavie Boucher.
Parmi les éléments marquants qu’elle retient de son expérience, l’enseignante tient notamment à rappeler combien la photographie québécoise a su épouser les évolutions artistiques du domaine. « On a parfois l’idée préconçue d’un retard du Québec par rapport au reste du monde. À travers le vaste panorama sur lequel nous avons travaillé, on s’aperçoit, au contraire, à quel point le Québec a suivi les tendances du milieu, à quel point il s’est même parfois placé à l’avant-garde de la photographie », reconnaît-elle.
Quant à l’avenir du projet, il comprendra sans doute l’ajout de contenu, notamment sur de nouvelles personnalités québécoises du monde de la photographie. La bonification du site Internet pourrait également passer par une traduction en anglais. À noter que l’histoire de l’enseignement de la photographie, sujet sur lequel a travaillé Flavie Boucher, sera mise en valeur à la bibliothèque Lucien-Lelièvre, où une exposition est prévue à l’automne sur le sujet. L’enseignante a aussi contribué à l’exposition 125 ans de photographie en Matanie. Cette dernière est visible jusqu’à la fin septembre dans les locaux de la Société d’histoire et de généalogie de Matane.
Les enjeux de la place des femmes
« Il a fallu parfois se plonger dans un vrai travail historique de consultation d’archives à la source, pour trouver suffisamment d’informations sur certaines personnes », relate Geneviève Thibault. L’enseignante explique, par ailleurs, que les recherches biographiques pouvaient s’avérer difficiles en raison des risques d’invisibilisation de la place des femmes dans cette forme d’expression picturale.
« La photographie étant une nouvelle discipline, elle a d’abord été enseignée avant tout par une transmission de savoir-faire entre personnes, ce qui a permis à plusieurs femmes de la pratiquer », résume-t-elle. L’enseignante s’est ainsi tournée vers la rédaction de sept études de cas liées à des femmes photographes du Québec ayant marqué l’histoire de cette discipline : Anne Kew, Aline Lemay, Geneviève Cadieux, Clara Gutsche, Lynne Cohen, Raymonde April et Sally E. Wood.
Le Cégep de Matane tient à féliciter ces deux enseignantes pour leur travail remarquable dans l’élaboration de ce site Internet pédagogique au contenu aussi enrichissant qu’inédit. La participation active de l’établissement au projet rappelle combien, à travers l’enseignement de la photographie depuis près d’un demi-siècle, le cégep demeure un acteur incontournable de la photographie québécoise.
Photo (Stéphane Quintin – Cégep de Matane) : De gauche à droite, Flavie Boucher et Geneviève Thibault, enseignantes au Cégep de Matane.
